Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas...

Il y a deux semaines, j'étais épuisée.Au bord de la rupture. Les heures harassantes, le dos qui me fait de plus en plus mal.
Il y a deux semaines, tout ce que j'attendais c'était aujourd'hui, le 4/11.

Entre-temps il y a eu mon anniversaire. Et vous savez, je n'aime pas trop le fêter.

Mes collègues et amis ici, et vous, avez fais en sorte que je me sente spéciale ce jour là. Et je me suis dis que mon mauvais préssentiment annuel était dû à de mauvais souvenirs.

Et puis ma soeur est tombée.

Et quelques jours après le pronostic vital était engagé.

Et il a été de plus en plus dur de garder un visage neutre, souriant et ma patience envers les clients au travail.

Et puis le 30, elle est juste partie... sans se réveiller. Sans que je puisse lui dire que malgré tout, c'était toujours ma soeur. Parce que dans la vie on est stupide, on pense qu'on a le temps et qu'on aura toujours le temps d'arranger les choses. Parce que dans mon incroyable idiotie, j'espérais toujours qu'elle se soigne et recolle les morceaux avec ses enfants et que moi-même je trouverai la force de lui pardonner.

Parce que j'ai oublié que rien n'est acquit.

Et pourtant je le sentais. On l'a tous vu dépérir ces deux dernières années. Et s'il y a bien une personne dont je ne pardonnerai pas les actions, c'est son compagnon qui l'a tiré vers le fond pendant toutes ces années. Qui ne l'a jamais fait se sentir belle ou importante. Qui ne l'a jamais poussé à avoir une meilleure vie.

Et la culpabilité de nouveau, d'avoir moi-même abandonné. De partir parce que peu importe ce que je faisais, je n'arrivais pas à changer sa trajectoire.

Parce qu'elle n'a plus jamais été heureuse vraiment après son cancer de l'utérus. Parce que nous n'étions pas assez. Parce que c'était la plus faible d'entre nous, la plus vulnérable.
Parce que l'alcool détruit tout.

Et il a fallu prendre une décision. Est-ce que je rentre? Est-ce que je reste? Si je rentre maintenant je vais être aspirée par le deuil de tous et je n'arriverai pas à passer outre moi-même... si je reste, avec mon voyage qui arrive, j'aurai le temps de me reconstruire des épaules solides.

Et voir mon petit chat en larmes lors des funérailles m'a brisé le coeur. Et entendre Killian, si introverti, me dire à quel point il m'aimait m'a juste achevé.
Et cette décision est l'une des plus dures de ma vie. Mais je sais que si je ne me donne pas le temps. Je ne pourrai rien faire.
Alors je vais sans doute rentrer plus tôt que le mois de mai. Je ne suis pas bien sûre encore de mes plans. Mais jemaintiens mes vacances à partir de demain soir. Une semaine loin de tout, de tout le monde. Une semaine pour tout laisser s'envoler.

Dernièrement j'ai constaté l'absence de certains/certaines de mes meilleures ami(e)s. C'est la vie mais une fois de plus, la vie me rappelle qu'il y a ceux qui en valent la peine et ceux qui ne se donnent pas la peine.

Egalement, toute personne jugeant mes déicsions est invitée à prendre la porte (dans la face)... (avant de sortir).

Et de toutes les personnes présentes, merci Amélie, de m'avoir donné la possibilité d'assister aux funérailles de ma soeur.